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Christian Louboutin
 : un été monégasque

Christian LouboutinExpositionGrimaldi ForumMonaco

Maha Tissot

27 June 2022

Louboutin

Christian Louboutin, créateur-star de souliers, fait l’événement à Monaco avec une exposition, au Grimaldi Forum, consacrée à son œuvre et à son imaginaire. Cette figure incontournable de la mode se confie sur son parcours et ses coups de cœurs, ainsi que sur le lien qui l’unit à la principauté de Monaco.

Le créateur, figure iconique de la mode. © DR

Le créateur, figure iconique de la mode. © DR

L’Éventail – Que représente pour vous cette exposition L’Exhibition[niste] ? Est-ce une forme d’autobiographie mise en scène ?
Christian Louboutin – Beaucoup s’empressent de qualifier cette exposition de “rétrospective”, je préfère le mot “célébration” qui s’inscrit dans le présent, le passé, mais aussi dans l’avenir avec son lot de surprises que j’attends avec impatience. Je souhaitais ici mettre en avant des éléments particuliers qui ont jalonné ma vie et que l’on retrouve tout au long de mon travail. Il y a inéluctablement des moments incontournables mais, plus qu’une approche chronologique, j’ai souhaité mettre en scène ces grandes inspirations que sont entre autres Allen Jones, le Bhoutan et l’artisanat d’exception.

Les créations des débuts dans l’une des salles de l’exposition au Grimaldi Forum. © DR

Les créations des débuts dans l’une des salles de l’exposition au Grimaldi Forum. © DR

– Pourquoi avoir choisi de la présenter à Monaco et quelle est la différence avec l’exposition qui avait été proposée au Palais de la Porte Dorée ? Quelle sont vos inspirations monégasques ?
– J’entretiens des liens très étroits avec le Rocher depuis des décennies. À l’ouverture de ma première boutique, rue Jean-Jacques Rousseau, une de mes premières clientes a été la princesse Caroline. Elle a d’ailleurs porté mes souliers Pensée au Bal de la Rose quelques années après. Monaco est, depuis le début du XXe siècle, un lieu de rencontre pour les avant-gardes artistiques avec les Ballets russes, Joséphine Baker ou encore les expéditions océanographiques du prince Albert Ier. Autant de choses que l’on retrouve dans les réserves du Nouveau Musée National de Monaco (NMNM) dans lesquelles nous avons emprunté avec Olivier Gabet, le commissaire de l’exposition, des costumes de scène de Léon Bakst ou des maquettes d’André Derain et de Luchino Visconti ; et dans les réserves du Musée Océanographique, avec les planches d’Ernst Haeckel ou le radiolaire de Constant Roux.

Christian Louboutin et Olivier Gabet © DR

Christian Louboutin et Olivier Gabet © DR

– Y a-t-il, parmi toutes vos créations, certaines qui vous touchent particulièrement ?
– Toutes celles qui me rappellent très précisément des amis ou des moments amicaux partagés, à nouveau, avec des gens chers et qui se sont retrouvés comme une capsule de temps à travers un soulier. Je n’ai pas un modèle favori, j’en ai beaucoup car je suis souvent touché.

Louboutin Information panel and crucial drawing at the origin of Christian Louboutin’s vocation - © Christian Louboutin

© DR

– Vous souvenez-vous à quel moment vous avez eu envie de créer des souliers ?
– À chaque fois que j’allais au Palais de la Porte Dorée enfant, je voyais ce croquis sur un panneau de signalétique qui interdisait le port de souliers. On était dans les années 1970, je n’avais jamais vu de talons aiguilles, c’était une forme des années 1950. À cette époque, le bon bout des talons était en métal et risquait de rayer les parquets en bois précieux du Palais, ainsi que de faire sauter les émaux des mosaïques. Et c’est pour ça que j’ai commencé à dessiner des souliers, un peu comme un toc plus que par vocation.

Pieds de Fayoum et soulier 'Akhenaton' © DR

Pieds de Fayoum et soulier 'Akhenaton' © DR

– Que rêviez-vous de faire enfant ? Avez-vous réalisé vos rêves ?
– Enfant, avant de vouloir faire des souliers, je voulais être pilote, acupuncteur, architecte, mais ça me paraissait trop dur… Et égyptologue, bien évidement.

Louboutin ©Jean-Vincent-Simonet-pour-Christian-Louboutin

© Jean Vincent Simonet

– Comment est venue l’idée de votre escarpin signature et de la fameuse semelle rouge ?
– Plus qu’une idée, c’est avant tout un heureux hasard. J’étais à l’usine et nous venions de recevoir les derniers prototypes. J’étais assez satisfait du résultat mais les souliers paraissaient plus lourds que les dessins que j’avais sous les yeux. On ne distinguait pas tout le travail de recherche de la ligne exacte. En les regardant de dos, il y avait provenant de la semelle une masse noire qui n’existait pas sur mon dessin. Et c’est là que j’ai chopé le vernis à ongles de mon assistante qui était à mes côtés. J’ai recouvert la semelle de vernis et, tout à coup, la couleur posée est apparue comme une évidence ou un révélateur.

Une vue de l’exposition 'Les Souliers à semelle rouge' dans un théâtre au Bouthan. © DR

Une vue de l’exposition 'Les Souliers à semelle rouge' dans un théâtre au Bouthan. © DR

– Dans l’exposition, on voit votre dialogue et vos différentes collaborations avec les artistes. Quelles sont les rencontres qui vous ont marqué ?
Allen Jones, bien sûr, qui est la grande nouveauté de ce chapitre monégasque. Je connaissais son travail, une de ses toiles était déjà exposée au Palais de la Porte Dorée, mais l’espace du Grimaldi Forum, un plateau libre ouvert sur le ciel et la mer, a permis de l’inviter à montrer son extraordinaire travail de sculpteur que les gens connaissent moins. Mais on retrouve aussi l’artiste néo-zélandaise Lisa Reihana que j’ai découverte à la Biennale de Venise et qui a réalisé une fresque digitale monumentale ; l’artiste pakistanais Imran Qureshi et le photographe Peter Lippmann qui réalisent tous les deux un travail in situ pour Monaco. Sans oublier tous les artisans de la Maison du Vitrail, de L’Orfebrería Villarreal, Whitaker & Malem ou les brodeurs du couturier indien Sabyasachi Mukherjee qui perpétuent des savoir-faire séculaires extraordinaires.

Sandales à plateformes altières. ©Jean Vincent Simonet

Sandales à plateformes altières. ©Jean Vincent Simonet

– Quels sont vos projets et rêves à venir ?
– J’ai beaucoup de projets mais étant superstitieux, je n’aime pas en parler avant le début d’une réalité. Pour moi, évidemment, il est important de rêver, de rencontrer des civilisations ou des situations qui vont m’enthousiasmer et, par ce biais, me provoquer une “diarrhée créative”. J’aime, cela dit, me concentrer sur le présent, l’éprouver et en jouir. Live the moment pourrait être un motto, donc c’est pour cela qu’en ce moment je me sens très monégasque.

La brutalité poétique de Jean Grisoni

Arts & Culture

On l’avait quitté en juin dernier à la galerie MiniMasterpiece où il exposait ses bijoux primitifs, en or, argent, bronze, mais aussi acier rouillé, bois flotté et perles antiques, on retrouve Jean Grisoni chez Ibu Gallery pour ses meubles pas moins brutalistes, où le rugueux dialogue avec le lisse, le matériau modeste avec le flamboyant.

France, Paris

Du 10/10/2024 au 30/11/2024

Informations supplémentaires

Exposition

Christian Louboutin L’Exhibition[niste]

Dates

Du 9 juillet au 28 août 2022

Adresses

Grimaldi Forum
10 Av. Princesse Grace
98000 Monaco

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